Mission d'inventaire du patrimoine verrier des Albères
À l'automne 2016, une mission d'inventaire m'a été confiée par l'association Albères Verrières. Il s'agissait de répertorier les collections et les structures archéologiques situées dans le périmètre d'un secteur qui comprend le massif des Albères et ses deux piémonts sud et nord, zone qui va de l'atelier des Verriers de Saint-André au Musée du Château de Peralada.
Repérage et identification du patrimoine verrier. Mon premier travail fut de contacter les divers musées et opérateurs d'archéologie du territoire considéré, pour recueillir des informations sur les collections de verre présentant un intérêt touristique. Au nord des Albères, ce travail a été facilité par ma bonne intégration aux réseaux scientifiques locaux. Sur le versant sud, en Empordà, ces réseaux m'ont fait défaut, et le contact a été plus délicat à établir, mais les personnes ressources sont désormais identifiées, et le travail de reconnaissance des collections devra être poursuivi avec ces partenaires futurs.
Ainsi, en plus des 5 fiches « personnes ressources » établies, l'association dispose désormais d'un fichier de contacts qui devra être renseigné régulièrement, afin de poursuivre le travail de défrichage entrepris.
Les fiches « atelier » permettent de renseigner les données archéologiques et historiques existantes pour un même atelier. À ce jour, 17 fiches ont été remplies, elles concernent l'ensemble des ateliers connus sur l'aire géographique définie pour la Route du Verre Transfrontalière des Albères.
Pistes de travail
Rencontre de personnes ressources : Anna Maria Puig, archéologue médiéviste de Girona, semble être une personne clé à rencontrer pour débloquer la situation au sud des Albères, et accéder aux collections archéologiques ampourdanes.
Inventaire des ateliers de verrier : Le site de La Trinitat, situé près de La Junquera, n'a pas été reconnu sur le terrain, bien que des vestiges en élévation soient attestés sur place. Pour tous les sites pour lesquels nous ne possédons que des données historiques, les découvertes archéologiques futures, que nous appelons de nos vœux, devront être enregistrées dans les fiches « atelier », au fil du temps.
Inventaire des collections archéologiques Côté nord, seule la collection de verres médiévaux et modernes découverts à Panissars par Georges Castellvi n'a pu être enregistrée, faute de temps. Il manque également un inventaire complet de la collection de verres présentée au monastère du Vilar. Enfin, un lot de verres modernes issu des fossés du Château Royal de Collioure, en cours d'étude, devra être intégré aux fiches après sa publication.Le travail engagé pourra éventuellement être poursuivi avec les autres collections de verres du département des P.-O., qui étaient pour le moment situées en dehors de notre cadre géographique.
– Pour les collections médiévales, notamment les verres potentiellement découverts dans les fouilles ducastell de Sant Pere de Rodes, il faudra se rapprocher d'Anna Maria Puig, déjà citée.
– Le musée d'Empuries, bien qu'en dehors de la zone concernée par la présente étude, pourrait constituer un point intéressant à démarcher.
La réalisation de cet inventaire a permis à son auteur de mûrir un projet scientifique de recherches archéologiques sur l'artisanat verrier du massif, qui pourrait être réalisé avec le soutien de l'association Albères Verrières.
Identifier de nouveaux sites
La prospection de surface, qui a déjà permis d'identifier quelques sites forestiers, devra être poursuivie sur les zones où des ateliers sont mentionnés. Mais il faudra également sensibiliser les acteurs de l'archéologie préventive, souvent impliqués dans des opérations de diagnostic dans les villages où sont connus des ateliers de verriers. J'ai proposé une conférence sur les indices déterminants de l'artisanat verrier à l'Association Archéologique des Pyrénées-Orientales en février 2018, elle donnera lieu à une publication assortie de photographies de ces indices à la fin de l'année 2018. Ainsi, on peut espérer que les éventuelles découvertes ne passeront plus inaperçues aux yeux des archéologues.
L'ensemble des sites déjà reconnus en prospection de surface pourrait faire l'objet de travaux destinés à mieux reconnaître les structures artisanales enfouies, et à mieux dater leur occupation.
Une opération programmée triennale permettrait d'adopter trois types d'approches, en fonction des sites :
– Pour les sites où seuls des déchets de production ont été collectés, et où aucun four n'a encore été reconnu, des opérations de prospection magnétique ou électro-magnétique sont à envisager. Elles permettront de reconnaître les structures sans aucun décapage préalable. Ces méthodes sont à envisager pour les sites du Reposador, du Vilar, de Fontanilles et du Château de Montesquieu.– Un sondage limité pourrait être envisagé, en parallèle de la prospection, sur le site de Fontanilles, dont la datation par les archives reste problématique, en raison d'interprétations divergentes des spécialistes. Il permettrait de recueillir des éléments de datation archéologique fiables.
– Enfin, des fouilles sont envisageables sur les sites du Correch de la font de Sant Cristau et de l'Avellanosa, avec une préférence pour le premier des deux sites. En effet, l'atelier du Correch de la font de Sant Cristau est moins étendu, donc plus facile à interpréter pour une première opération. Il est également plus facilement accessible. Enfin, une hypothèse issue de l'analyse des déchets de production collectés en surface, à savoir qu'il s'agirait d'un atelier primaire, ne fabriquant que de la matière vitreuse brute, pourrait être vérifiée ou infirmée par la fouille.
Engager des analyses de composition élémentaire
Pour documenter la circulation des objets produits dans les ateliers des Albères, un programme d'analyse de composition élémentaire des verres roussillonnais pourrait être lancé en partenariat avec l'IRAMAT d'Orléans, dont Bernard Gratuze dirige le programme « Fabrication et diffusion des produits de l'industrie verrière ». Il s'agirait d'analyser la matière brute des ateliers, pour identifier quelques marqueurs physico-chimiques spécifiques de ces productions, à comparer ensuite avec des analyses des verres retrouvés dans les sites de consommation de la plaine roussillonnaise (habitats, lieux de culte, etc.). Ainsi, une carte de diffusion des productions des ateliers des Albères se dessinerait, au fur et à mesure des analyses.
Remerciements
Je tiens particulièrement à remercier l'ensemble des personnes qui ont donné de leur temps pour que ce travail voit le jour, et qui se sont prêtées au jeu de mon enquête. Je remercie également Roger Barrié, président de l'association Albères Verrières, et François Brilliard, qui m'ont fait confiance pour la réalisation de ce travail, et qui ont eu la patience d'attendre que ce dossier arrive à son terme.
Jordi Mach
NOTICES DES ATELIERS
NB : Afin de protéger certains sites sensibles, les coordonnées de localisation n'ont pas été mentionnées.
- ateliers mentionnés entre 1350 et 1500
- ateliers mentionnés entre 1500 et 1700
